Le dernier numéro de l’émission Jakaarlo, diffusée sur la Télévision Futurs Médias (TFM), a été marqué par une scène inhabituelle : un échange particulièrement tendu entre le chroniqueur Badara Gadiaga et le député Amadou Bâ, membre influent du parti Pastef.
Ce moment de friction a rapidement pris une tournure plus large, dépassant le plateau télé pour s’inviter dans le débat public et politique. Dans la foulée, plusieurs responsables de la coalition présidentielle ont réagi avec véhémence. Parmi eux, Waly Diouf Bodian, figure montante du parti, et la députée Mame Bousso ont publiquement réclamé, via les réseaux sociaux, l’ouverture de poursuites judiciaires contre le chroniqueur. Une coordination de prises de parole qui interroge sur l’éventuelle instrumentalisation de la justice à des fins de rétorsion politique.
Ces appels, formulés à chaud dans un climat de tension, s’inscrivent dans un contexte où les rapports entre la presse critique et les autorités semblent se durcir. L’arrestation récente du journaliste Bachir Fofana, interpellé après avoir soulevé des interrogations sur la gestion interne de l’Assemblée nationale, illustre ce climat de crispation. Dans les coulisses du paysage médiatique sénégalais, la peur d’un retour à une justice utilisée comme outil d’intimidation contre les voix dissidentes refait surface.
La situation prend d’autant plus de relief que le Premier ministre lui-même, il y a quelques jours, avait pointé du doigt certains magistrats et démembrements de la justice, qu’il jugeait défaillants dans un dossier personnel. Cette déclaration publique, inédite à ce niveau de l’exécutif, met en lumière les tensions croissantes entre les pouvoirs politiques et judiciaires.