Au tout début de sa carrière politique, Ousmane Sonko avait déclaré avoir un « Projet » qui serait la solution à tous nos maux, une panacée qui vaincrait définitivement le sous-développement et la misère en permettant une répartition équitable des richesses, et patati et patata.
Tous les jeunes ou presque et une grande majorité d’enseignants et d’universitaires ont adhéré à ce « projet » qui n’existait que dans l’imagination fertile de Ousmane Sonko. Ils ont cru à ce « projet » factice sans savoir ce que c’est, et les plus écervelés se sont battus pour ce qui n’est qu’une illusion ; des commerces pillés, le pays constamment mis sens dessus-dessous pour un « projet » pourri avant d’être conçu. Résultat des courses : quatre-vingt morts et un pays presque divisé entre d’une part les militants du Pastef, qui suivent inconditionnellement leur gourou, et d’autre part ceux qui gardent encore leur lucidité en refusant de suivre les Pastéfiens dans leur odyssée macabre trempée de sang et jonchée de cadavres.
L’avènement de grands dictateurs et tyrans dans des pays ou royaumes dans le monde a parfois permis de mettre en évidence la barbarie et la monstruosité de l’homme en raison de la nature sanguinaire de certains dirigeants. Le pouvoir grise et rend fou parfois ; et les Allemands l’ont appris à leurs dépens. Hitler avait réussi à conquérir le cœur de ses concitoyens par ses talents oratoires hors pair et sa profession de foi consignée dans son livre Mein Kampf. Il accède au pouvoir, provoque une seconde guerre mondiale qui a fait plus de cinquante millions de morts, extermine plus de six millions de Juifs et divise l’Allemagne. C’est des décennies plus tard que les Allemands ont
compris qu’ils doivent s’unifier pour construire une grande puissance qu’est devenue aujourd’hui l’Allemagne. Lorsque les Ukrainiens en ont eu marre de la paix et ont voulu fricoter avec le danger, c’est Zelenski qu’ils ont porté au pouvoir ; lorsque les brésiliens ont voulu freiner leur essor économique et saper l’unité de leur pays, ils ont élu Bolsonaro. Les Ukrainiens sont en train de payer au prix fort l’élection de Zelenski qui a entrainé son peuple dans une guerre qui le décime ; les Brésiliens ont vite fait de se débarrasser du pédant populiste qui a porté un sacré coup à l’économie brésilienne. C’est donc au prix fort que des peuples ont payé l’erreur d’élire des dictateurs, des
populistes ou des amateurs.
Depuis que le Pastef est au pouvoir, le désenchantement gagne chaque jour les Sénégalais qui réalisent avec beaucoup d’amertume qu’ils se sont laissés entrainer dans une fiction politique inventée par le metteur en scène Ousmane Sonko. Le plus grave dans ce cinéma, est que le peuple ne s’est pas contenté d’être spectateur, mais a plutôt accepté d’être la marionnette de ce « prestidigitateur » sans aucune culture ni politique ni intellectuelle. « Que s’est-il passé ? », «Pourquoi les Sénégalais, pourtant intelligents, se sont-ils laissés aussi facilement avoir ? ». Ce sont-là les questions légitimes que doivent se poser ceux qui constatent ce grand amateurisme en train de se dérouler au sommet de l’Etat comme dans un film d’horreur. Deux amis, sans aucun projet de société, sans aucun programme politique, qui ont tout en commun, jusqu’aux discours creux, se retrouvent propulsés au sommet de l’Etat du jour au lendemain et font preuve d’un tâtonnement qui donne de la frayeur même à certains de leurs souteneurs.
54% des électeurs, parmi eux des universitaires de sous-sols, des intellectuels de caniveaux et des jeunes qui ne savent plus quoi faire de leur vie, ont porté au sommet de l’Etat deux énarques qui peinent chacun à aligner une phrase correcte en français. En seulement six mois au pouvoir, les Sénégalais découvrent chaque jour l’incompétence de ces deux « stagiaires » qui jouent avec les institutions en pensant pouvoir diriger le pays par le populisme et par des révélations sur la mauvaise gouvernance de l’ancien régime. L’heure est à l’action, au travail, à la pratique et à la mise en œuvre du « projet » qui n’existe pas et n’existera probablement jamais. Ou le « projet », comme l’a si bien dit l’excellent écrivain Abdou Khadre Gaye dans une contribution, n’est rien d’autre que la personne de Sonko.
Quand on est un observateur de l’histoire politique passée du Sénégal et de certains pays d’Afrique, on constate que le funeste projet du Pastef n’est rien d’autre que la faillite de l’Etat, la désacralisation de la République, la perversion de la jeunesse (qui a commencé depuis que Sonko était dans l’opposition). Bref, ce parti est le reflet de la profonde crise sociétale qui ronge le pays. Une personne, surgie de nulle part, qui ne sait faire que dénigrer et tenir un discours de défiance qui frise parfois l’insolence, réussir avec une telle facilité à gagner le cœur de plus de la moitié des électeurs sénégalais, est la preuve de l’effondrement de la société.
Depuis le 02 avril 2024, nous constatons le pays s’enfoncer dans un fourre-tout indescriptible, avec une démystification de l’Etat et de la République sur lesquels priment désormais la volonté et les désirs de notre superpuissant premier ministre. L’époque des premiers ministres comme Abdou Diouf Mamadou Lamine Loum, Moustapha Niasse, Cheikh Adjibou Soumaré, des énarques de valeur, différents de ceux d’aujourd’hui, est révolue. Et malgré tout, l’actuel Président a déclaré que Ousmane Sonko est le meilleur Premier ministre du Sénégal depuis 1960. Comme ça fait rire ! laisser de vrais patriotes comme Khalifa Ababacar Sall, Thierno Alassane Sall, le juge Dème, Me Mame
Adama Gueye et tant d’autres, pour se passionner pour ces patriotes d’une autre planète, voilà ce que ça donne.