‘’Réappropriation de l’histoire du Massacre de Thiaroye ’’ : Les 5 mesures prises par le Président Diomaye FAYE
Le Chef de l’État Bassirou Diomaye Faye a présidé, ce dimanche 1er décembre 2024, la cérémonie de commémoration du 80e anniversaire du massacre de Thiaroye. Après avoir réussi à contraindre la France -longtemps emmurée dans le reniement des faits- à enfin reconnaître sa responsabilité, le président de la République a profité de cette journée, devant ses pairs africains (de la Mauritanie, de la Gambie, de la Guinée Bissau, du Gabon et des Comores) invités d’honneur, pour jeter les bases de la « réappropriation d’une partie de cette histoire commune avec 16 pays africains frères ».
Ainsi, il a annoncé les cinq (5) mesures suivantes : « premièrement, un mémorial en l’honneur des Tirailleurs sera érigé à Thiaroye pour servir de lieu de recueillement et de mémoire, ouvert à toutes les nations dont ils étaient originaires, ainsi qu’au public ; deuxièmement : un Centre de Documentation et de Recherche dédié aux Tirailleurs sera érigé pour conserver la mémoire. Ce centre recueillera des archives, témoignages et récits, tout en soutenant la recherche et l’éducation autour de cette histoire partagée ».
Troisièmement, ajoute le président, « des rues et des places porteront le nom de cet évènement tragique, de ces soldats pour inscrire leur sacrifice dans notre quotidien et notre histoire collective. Quatrièmement : l’histoire de Thiaroye et des Tirailleurs sera enseignée dans les Curricula Éducatifs. Ainsi, les générations futures grandiront avec une compréhension approfondie de cet épisode de notre passé »
Enfin, annonce Bassirou Diomaye Faye, la journée du Tirailleur, habituellement célébrée chaque 23 août, est désormais fixée le 1er décembre de chaque année, jour de la commémoration du massacre de Thiaroye.
« Je salue le courage moral de Macron »
Revenant sur les séquences de cet évènement, le Président Faye a, par ailleurs, lancé le chantier de la « restauration de la vérité historique en mettant fin à l’omerta -voulu et entretenu par les autorités coloniales- sur cet épisode tragique ». Il ne s’agira pas, selon lui, « d’une porte ouverte pour susciter le ressentiment, ni entretenir la colère et la haine ». « Ce que nous faisons ici relève du devoir de mémoire contre l’oubli et pour la manifestation de la vérité des faits. Pour nous acquitter d’une dette morale vis-à-vis des tirailleurs et de leurs familles », précise-t-il.
La France qui avait longtemps refusé de reconnaitre ce massacre, vient de franchir un pas important dans la restauration de la vérité grâce au Président Emmanuel Macron qui a adressé, jeudi dernier, une lettre à son homologue sénégalais pour « assumer que les évènements de Thiaroye en 1944 ont abouti à un massacre ». Le président Diomaye a ainsi saisi l’occasion pour saluer le « courage moral » de Macron. « Par ce geste, souligne-t-il, la France accède à une vieille et légitime demande de reconnaissance ».
Toutefois, il lance un appel aux autorités françaises de collaborer à la mission scientifique, en livrant toutes les archives nécessaires à la manifestation de la vérité. « Il existe encore beaucoup de zones d’ombres dans cette histoire, notamment le nombre de tirailleurs exécutés. Il existe deux rapports contradictoires où les autorités coloniales parlent de 35 et 70 morts, pendant que d’autres témoignages évoquent des centaines de morts. Les archives réclamées permettront, d’après les chercheurs, de savoir comment on en est arrivé au massacre, avoir une lecture plus fine sur le nombre de tirailleurs tués, leurs origines, le lieu où ils sont enterrés, des frustrations et humiliation subies ainsi que du montant qui est dû à chacun », insiste-t-il.