C’est à une période marquée par le phénomène de la traversée des mers de jeunes sénégalais vers les côtes espagnoles que le président du gouvernement d’Espagne, Pedro Sánchez effectue une visite au Sénégal, en Mauritanie et en Gambie. Il est attendu dans ces pays du 27 au 29 août.
La question de l’émigration irrégulière sera, sans doute, au cœur des débats lors de cette tournée. Cette visite du président du gouvernement d‘Espagne est un prétexte pour le président d‘Otra Africa, Souleymane Abdoulaye Diallo, reconnu pour sa position pro-migratoire, de soumettre, dans une lettre ouverte au chef de l’État sénégalais, des séries de propositions pour une solution de la question de l’immigration irrégulière. Voici sa lettre. Son Excellence Monsieur le Président de la République
L’ONG internationale Otra Africa, est une association pro migration, créée en 2010 en Andalousie par des Africains vivant en Europe pour aider et assister nos frères en situation difficile, également pour informer et sensibiliser sur les différentes politiques migratoires.
Notre réflexion concernant le fléau qui touche notre pays le Sénégal, nous a permis de comprendre que la migration irrégulière est un phénomène complexe qui affecte non seulement les migrants eux-mêmes, mais aussi leurs familles et notre société dans son ensemble.
Il est essentiel de reconnaître les efforts considérables déployés par le Royaume d’Espagne pour accompagner l’État du Sénégal dans la lutte contre ce fléau à travers les projets et programmes de l’Union Européenne, de l’OIM, les BAOS, FRONTEX etc…
Nous saluons cette coopération très dynamique dans la recherche de solutions durables qui est cruciale.
Cependant, il faut reconnaître que les projets définis par nos partenaires au développement ne répondent pas aux besoins, aux désirs et ambitions de la jeunesse africaine.
Son Excellence Monsieur le Président de la République.
Nous connaissons votre sentiment d’indignation face à la mémoire des milliers de naufragés restés au fond de l’Océan Atlantique, dans la méditerranée, dans le désert du Sahara et sur les barrières de Ceuta et de Melilla mais également l’engagement qui vous anime pour trouver d’autres options pour mettre fin à cette tragédie, à cette forme de migration difficile.
Évidemment, il y a des voies de solutions structurelles durables pour éliminer définitivement ce drame qui décime la jeunesse africaine.
Pour une migration coordonnée, le gouvernement du Sénégal peut accompagner plus de 30 000 jeunes par an, à immigrer d’une façon contrôlée et en adéquation avec le pacte mondial de la migration de Marrakech 2018.
Cependant, il est impératif d’enrayer certaines barrières qui entravent le déplacement légal et contrôlé des jeunes sénégalais.
Tout d’abord, les processus de demandes de visa doivent être revus auprès de plusieurs représentations consulaires accréditées au Sénégal en appliquant les mesures suivantes :
– La réduction des délais d’attente : les délais pour obtenir un simple rendez-vous auprès des consulats Européens afin de présenter juste le dossier de visa sont trop longs et décourageants ;
– Une amélioration de ce système est impératif pour faciliter l’accès à des opportunités de voyager, en outre, la multiplication de la délivrance des visas est essentiel pour nos acteurs économiques, sociaux, culturels, religieux et sportifs ;
– La diversification de la migration circulaire à l’instar de notre coopération avec l’Espagne ;
– La signature des accords bilatéraux avec les pays européens et des autres continents, pour permettre à nos jeunes de bénéficier de programmes de mobilité sûre, valable afin de leur permettre de travailler et d’étudier légalement à l’étranger.
Cela contribuerait non seulement à réduire la migration irrégulière, mais aussi à favoriser le développement de notre pays grâce aux compétences acquises par nos jeunes.Il est également crucial de promouvoir la migration éducative, formative, technique et scientifique avec les autres pays de l’Asie et de l’Amérique.
En encourageant nos jeunes à participer à des programmes de travail saisonnier ou à des échanges académiques, nous pouvons leur offrir des alternatives viables à la migration clandestine.
Cela leur permettrait de revenir enrichis d’expériences et de compétences, contribuant ainsi au développement socio-économique du Sénégal.
Son Excellence Monsieur le Président de la République. Avec cette visite du chef de l’exécutif du Royaume de l’Espagne, nous appelons également à un accompagnement de l’Espagne pour renforcer l’adhésion du Sénégal au sein de l’Union de la Méditerranée.
Nous réaffirmons une coopération régionale plus étroite au sein de la CEDEAO et de l’Union Africaine. Ce qui est nécessaire pour aborder les défis migratoires de manière collective et coordonnée.
Cela inclut le partage des bonnes pratiques, la mise en place de programmes de sensibilisation et le soutien aux initiatives locales visant à offrir des alternatives à la migration.
Enfin, il est urgent de lutter contre les causes profondes de la migration irrégulière.
Cela nécessite des politiques publiques qui favorisent l’emploi, l’éducation et l’inclusion sociale des jeunes. En investissant dans des programmes de formation professionnelle et en soutenant l’entrepreneuriat, nous pouvons offrir à notre jeunesse des perspectives d’avenir ici, au Sénégal. Excellence Monsieur le Président de la République, nous comptons sur votre magnanimité à prendre en compte ces suggestions lors de vos discussions avec le Président du Gouvernement Espagnol.
Avec l’ensemble des acteurs, nous pouvons travailler à la mise en place de solutions durables qui permettront à nos jeunes de bénéficier d’une mobilité sûre, légale et contrôlée, tout en luttant efficacement contre la migration irrégulière.
Nous vous remercions pour votre attention et votre engagement envers la jeunesse sénégalaise.
Nous vous prions de croire, Excellence Monsieur le Président de la République, à l’assurance de notre très haute considération.