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Assemblée nationale : Mais pourquoi faut-il se méfier de KOICA, l’agence reçue par El Malick Ndiaye ?

L’Agence coréenne de coopération internationale (Koica), en dépit de scandales récurrents sur la scène internationale, a été reçue en grande pompe par le président de l’Assemblée nationale du Sénégal, El Malick Ndiaye. Cette rencontre s’inscrivait dans le cadre de la présentation d’un master plan destiné à accompagner l’Assemblée dans sa transition technologique.

Une agence sous le feu des critiques
Koica, bras de la diplomatie sud-coréenne en matière d’aide au développement, est loin d’être une institution au-dessus de tout soupçon. Comme le rapporte Les Échos, à plusieurs reprises, l’agence a été éclaboussée par des scandales de gestion douteuse, de favoritisme dans l’attribution de contrats, voire de collusions politiques dans certains pays partenaires. Des rapports d’audits internes et d’Ong internationales ont également pointé un manque de transparence dans la conduite de plusieurs projets, notamment en Afrique et en Asie du Sud-Est.

Au Rwanda et au Sri Lanka, par exemple, Koica a été mise en cause pour avoir financé des projets de « modernisation » sans consultations locales suffisantes, parfois au détriment des besoins réels des populations. Ces critiques posent légitimement la question de la rigueur avec laquelle cette agence opère lorsqu’elle est invitée à intervenir dans des institutions nationales sensibles comme le Parlement sénégalais.

L’Agence coréenne de coopération internationale (Koica) traîne un lourd passif en matière de gouvernance. Comme le rapportent Les Échos et plusieurs médias internationaux, un vaste scandale de corruption a récemment éclaté au sein de l’agence : entre 2018 et 2020, un ancien directeur exécutif chargé des ressources humaines aurait perçu près de 385 millions de wons (environ 291 000 dollars) de pots-de-vin auprès de 22 employés, en échange de promotions et de missions lucratives à l’étranger. Les audits menés par la Board of Audit and Inspection de Corée du Sud ont également révélé des nominations truquées, des collusions internes, ainsi qu’une gestion opaque des projets confiés à Koica.

Au-delà de ce scandale, l’agence est régulièrement pointée du doigt pour un manque de transparence et une « morale laxiste » dans la conduite de ses actions internationales, comme l’a souligné The Korea Times dès 2017. Si Koica continue de jouer un rôle important dans les programmes de coopération et de développement, notamment en Afrique et en Asie, ses pratiques de gouvernance posent question.

Transparence et vigilance de rigueur
La visite des experts coréens à Dakar, bien que présentée comme un partenariat technologique, intervient dans un contexte où le Sénégal tente de restaurer la confiance dans ses institutions. Parmi les projets évoqués figurent l’amélioration du système de vote électronique des députés, la modernisation de la régie technique de l’hémicycle, ainsi que la numérisation des archives parlementaires. Autant d’enjeux cruciaux pour la transparence et l’efficacité du travail parlementaire.

Si le Sénégal a besoin d’outils modernes pour renforcer son système parlementaire, la vigilance s’impose quant au choix des partenaires et à la nature des contrats signés. Comme le souligne Les Échos, l’Assemblée nationale, souvent critiquée pour son opacité dans la gestion de certaines réformes internes, risque ainsi d’être perçue comme peu regardante sur la nature de ses partenaires internationaux.

La société civile sénégalaise et les médias indépendants devront, eux aussi, jouer pleinement leur rôle de veille citoyenne pour s’assurer que la technologie ne devienne pas un prétexte à de nouveaux scandales. La modernisation ne peut se faire au prix de la crédibilité des institutions démocratiques sénégalaises. Comme le rappelle Les Échos, le président El Malick Ndiaye, en engageant cette volonté affichée de moderniser l’Assemblée, devra veiller à ce que cette collaboration ne se transforme pas en cheval de Troie pour des intérêts étrangers ou privés.

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