La récente décision des États-Unis d’imposer des restrictions de voyage à 36 pays, dont 25 africains, n’a pas manqué de susciter des réactions. Le Sénégal figure parmi les pays visés, principalement en raison de documents jugés peu fiables et d’un taux élevé de dépassement de visa. Pour l’ancien ambassadeur du Sénégal à Washington, Babacar Diagne, cette décision ne constitue pas une surprise.
« Il n’y a pas grand-chose de nouveau dans cette décision », relativise-t-il. À ses yeux, les problèmes d’identification et les lenteurs administratives sont connus de longue date. Il cite en exemple des difficultés rencontrées par le passé pour vérifier des patronymes comme Lopez ou Pereira, présents aussi bien au Sénégal qu’au Cap-Vert, ce qui, selon lui, requiert une grande prudence.
S’agissant des séjours prolongés au-delà de la durée autorisée par le visa, l’ancien diplomate admet que certains Sénégalais peuvent rester aux États-Unis plus longtemps que prévu, notamment dans le cadre de visites familiales ou touristiques. Toutefois, il nuance : « Le Sénégal ne peut pas être mis sur le même plan que d’autres pays plus problématiques. Le phénomène existe, mais il reste marginal. »
Babacar Diagne appelle également à une lecture politique de la décision américaine. « Le président élu en 2024 aura déjà deux ans de mandat en novembre prochain. Les élections de mi-mandat approchent, et les thèmes comme l’immigration ou la sécurité sont traditionnellement porteurs. Ce n’est pas étonnant que des mesures symboliques soient prises à ce moment-là. »
Loin d’alarmer, l’ancien ambassadeur plaide pour une approche mesurée et constructive. Il invite les autorités sénégalaises à maintenir une coopération étroite avec Washington. « Il faut continuer à démontrer la fiabilité de nos documents et le sérieux de nos ressortissants. C’est une condition essentielle pour sortir rapidement du lot des pays concernés. »