Société

Mermoz, Sacré Cœur, Keur Gorgui : comment le charlatan et son complice «hypnotisaient» les femmes avant de les dépouiller

A. Ba et I. Diallo ont été condamnés chacun à six mois de prison ferme. Jugé à la barre du Tribunal des flagrants délits de Dakar, le duo était poursuivi pour escroquerie et charlatanisme. D’après Les Échos, qui a assisté à l’audience, les mis en cause, opérant sur l’axe Mermoz-Sacré Coeur et Cité Keur Gorgui, ciblaient des femmes avant de les dépouiller. 

Pour ferrer leurs proies, décrit le journal, «c’est A. Ba qui entre en action et leur demande une adresse que celles-ci ne connaissent pas. Ensuite, I. Diallo surgi de nulle part et, comme par magie, lui indique l’adresse. Le vieux Ba, pour le remercier, se targue devant lui d’être un voyant avant de lui retracer son passé et lui prédire son avenir». Le tour est joué car poursuit la source, «certaines femmes séduites par son art divinatoire [présumé] tombent dans le piège».

Le liquide blanc, les jumeaux…

C’est ce qui est arrivé à M. Kane, une des victimes du charlatan et de son complice. Face aux enquêteurs, la plaignante, reprise par le quotidien d’information, confie que «le jour des faits, elle attendait tranquillement un bus à Sacré Cœur quand elle a été approchée par A. Ba. [Ce dernier] lui demanda l’adresse d’une voyante qui habiterait dans la zone».

Elle poursuit : «N’ayant aucune idée sur la question, I. Diallo, qui était juste à côté, dit connaître la dame qui aurait déménagé. Faisant semblant d’être pressé de partir, [ce dernier] est retenu par A. Ba qui lui dit : ‘’ta sœur a accouché de jumeaux, mais l’un des bébés est gravement malade ». Ce que Diallo a confirmé. C’est ce qui m’a poussée à demander à A. Ba de me faire une séance de voyance.»

La plaignante tend les mains le mis en cause feint de prier pour elle. «Tout à coup, narre la victime, j’ai vu du liquide blanc sortir de ses mains. Par la suite, il m’a dit qu’une de mes tante m’a jeté un sort. Et, il a promis de m’enlever ce sort en me demandant si je détenais de l’argent.»

M. Kane, ne détenant que la somme de 2000 F CFA, demande à l’escroc de le suivre. Arrivée chez elle, la plaignante s’est empressée de vider le porte-monnaie de sa mère et la tirelire de son grand-frère pour se retrouver avec 350 000 F CFA avant de rejoindre le charlatan. «On s’est rendu dans un terrain vague pour la séance de prières. A. Ba m’a sommée de ne rien dire à personne avant qu’ils ne disparaissent tous les deux», appuie-t-elle.

Malheureusement pour la victime, c’est après la remise de l’argent qu’elle aurait repris ses esprits. Elle sonne l’alerte pour la chasse à l’homme. «Maîtrisé par l’oncle de la victime, I. Diallo a été arrêté en premier. Ferré, il n’a pas hésité à balancer son complice», souligne le journal. Qui rapporte que les deux complices ont contesté les faits.

«Je ne suis pas un charlatan»

«J’attendais A. Ba à l’arrêt bus qui est en face de la Sonatel de la cité Keur Gorgui, rembobine I. Diallo. Subitement, une dame et un homme ont surgi devant moi. La dame m’indexait en disant : « c’est lui ». Je n’avais rien compris. C’est par la suite que les policiers sont arrivés après avoir entendu la dame qui m’accusait de l’avoir escroquée. Ils se sont mis à me gifler. Ce sont les policiers qui m’ont dit d’appeler A. Ba pour lui dire que je suis avec une cliente. C’est quand il est arrivé qu’ils nous ont conduits au commissariat. Je n’ai jamais vu la dame.»

Son co-prévenu de renchérir : «Je ne suis pas un charlatan. Quand [I. Diallo] m’a appelé ce jour-la, il était en pleurs. C’est la raison pour laquelle, je me suis dépêché pour aller le voir. On n’a rien fait à la dame. On ne l’a jamais rencontrée.»

Des explications qui n’ont pas convaincu le procureur, qui a requis l’application de la loi. La défense avait plaidé l’acquittement au bénéfice du doute, conclut Les Échos.

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